Demarche artistique
Sur les différents éléments qui composent, construisent, définissent un individu, un groupe d’individus, sur ce qui crée la volonté d’être ensemble mais séparés, Arnaud Caquelard se questionne.
Il traque les traces de leurs histoires, les confronte à la sienne pour faire naître un récit abstrait, morcelé où chacun peut créer sa propre interprétation. L’enfermement est une source d’inspiration. Il en va tant du domaine de la peur ; être enfermé, cloisonné ; que de la fascination ; volonté propre aux individus de s’enfermer pour se sentir en sécurité.
Son travail fonctionne par des projections mentales, comme des métaphores qui prennent forme au croisement d’informations, de rencontres. Attaché au dessin et à l’écriture, son travail prend parfois un tournant graphique auquel viennent s’ajouter des éléments figuratifs mettant en place un ensemble aux potentiels narratifs variés : la présence du trait, de la ligne noire qui se propage, se brise, se répète dans l’espace ; de la feuille de papier au mur de l’atelier à l’espace d’exposition, qui ne font parfois qu’un.
« […] Il semble qu’il existe des péchés de mémoire comme des péchés de jeunesses. Les seconds sont tout hypothétiques, les premiers aussi. L’intérêt vient de la question posée. Le péché de mémoire évoque ses défauts, ses dérobades et l’impossible confiance en elle. D’où chez Arnaud Caquelard le phénomène de retrait : les objets qu’il nous présente sont a-fonctionnels ou atypiques. Les installations peuvent ressembler à des reliquaires, les objets qu’elles renferment n’ont pas de lien métonymique au réel. Seule leur inscription spatiale nous leurre.
Par conséquent la nostalgie n’a à priori pas lieu d’être : c’est sans compter une forme d’indulgence de l’artiste envers les siens, et un revers de situation ; à force d’assembler des éléments épars, parfois sans qualité, anonymes, il crée non seulement des relations entre les objets mais aussi des nouveaux archétypes qui universalisent le propos, dégagent une poésie et provoquent la nostalgie de manière plus sûre encore. »
Jérome Felin
Historien et critique d’art